samedi 29 mai 2010

Ce n'est qu'un au revoir...

Et voilà, c'est terminé. Je vois du hublot les lacs innombrables du nord du Québec. Égypte, Jordanie, Allemagne, Pays-Bas, Angleterre, Islande. Près de 7 semaines de marathon, une course folle qui fut des plus agréable.

Voici, par pays, un coup de coeur et une déception:

Égypte
Coup de coeur: Abu Simbel
Déception: le harcèlement des vendeurs

Jordanie
Coup de coeur: Petra la magnifique
Déception: Aqaba la touristique

Allemagne
Coup de coeur: Anaïs
Déception: la météo

Pays-Bas
Coup de coeur: le charme d'Amsterdam
Déception: le meat market d'Amsterdam

Angleterre
Coup de coeur: le British Museum
Déception: mon lendemain de brosse majeur

Islande
Coup de coeur: tout!
Déception: l'annulation de notre visite de volcan pour cause de volcan ayant arrêté de tousser
 
Évidemment, cette liste n'est pas représentative du voyage au complet: les déceptions auront été outrageusement dominées par les coups de coeur. Plus de 3 000 km en auto louée dans trois pays différents, plus de 15 000 km volés en avion au cours de 9 vols, un minimum de trois marathon de marche, une dizaine de km de vélo. Pas mal. En près de cinquante jours à trottiner la planète, la liste des découvertes et des gens rencontrés est longue.
 
Parlant de gens. Je vous ai déjà parlé de ma rengaine comme quoi on oublie les villes, musées et paysages, et que l'on bombarde ces endroits de photos pour garder les souvenirs vivants. Et que, en contrepartie, on oublie pas les gens spéciaux rencontrés à travers notre route, peu importe le temps passé avec eux. De façon chronologique, Leon, Naaz, Zee, Lorraine, Verena, Anaïs, JD & Bruno, Ed, Alex & Cath, Alex #2, Sebastian. Le futur dictera avec lesquels je garderai contact, mais peu importe le suite, ils seront tous immortalisés dans mon coeur.
 
D'ailleurs, un autre merci spécial à JD et Bruno pour avoir étés des compagnons de voyage exemplaires, pour m'avoir enduré et pour toutes nos dérives que je n'oublierai pas. Votre compagnie m'aura permis de traverser des rivières (hehehe...).
 
La chance aura étée -comme à mon habitude- de mon bord du début à la fin du voyage. Aucun bagage perdu, aucun retard de vol ou manque de correspondance, pas de perte, pas de vol, une température clémente (on s'est fait bronzer à Londres et en Islande!). De quoi redonner le goût de partir...
 
Je crois bien que c'est la dernière entrée de mon blog avant un bon bout de temps. Je vais peut-être agrémenter mes postes précédents de photos, peut-être pas. Elles seront de toute façon sur Facebook lorsque j'aurai décidé lesquelles des 1500 prises méritent d'être partagées. D'ici, so long. Pour les quelques courageux qui m'auront suivis, j'espère que vous avez eu autant de plaisir à me lire que j'en ai eu à écrire. Ce n'est qu'un au revoir...

*** 
 
Montréal, 29 mai,samedi matin, 8AM. En terrain connu. J'ai le blues. Ça va passer...

***

Montréal, 15 juin,mardi après-midi, 4PM. En terrain connu. J'aurai le tract. J'espère que ça ne passera pas...

jeudi 27 mai 2010

Islande

Paysages glauques sous le brouillard de l'aube. Des plaines infinies, couleur charbon, d'où s'élèvent tels des forteresses d'innombrables pics noirs. Une montagne triangulaire et imposante au loin. Il ne manque qu'un œil flamboyant à son sommet pour pouvoir dire que nous sommes entrés dans les terres de Mordor!



Vingt kilomètres.

Sommes nous dans le désert? Des plateaux rouges, crevassés, des pics innombrables. Des buissons maigres, des touffes de foin et d'herbe par-ci et là.



Vingt kilomètres.

Retour à la plaine. Luxuriante. Une étendue émeraude lacérée par des dizaines de rivière d'un bleu pur. Au loin, des montagnes immenses aux pics enneigés. Des chutes défiant les lois de la physique tombent des falaises.



Vingt kilomètres.

Blanc bleauté. Souliers à crampons de métal, pic à glace et casque. Le plus massif glacier d'Europe, sous nos pieds, nous rapelle à quel point nous sommes petits. Le lac glaciaire, où flottent d'innombrables icebergs, reflète le soleil à travers ses eaux limpides.



Un autre vingt kilomètres? Non.



C'est bientôt l'heure du départ, le sablier se meurt. Le douloureux retour est imminent. Nostalgie.

 

samedi 22 mai 2010

Au revoir, Londres!

C'est fait. Je suis en avion. Avant même de vous parler de Londres, je dois fêter cette bonne nouvelle: nous décollons pour l'Islande dans quelques minutes. Par la suite, plus aucun tracas. Au pire, le volcan peut s'amuser autant qu'il veut, je rentrerai à la maison quand il me laissera le faire!

Londres. Je n'avais aucune attente pour cette ville. En fait, je me disais seulement que cette ville devait être pleine... d'anglais. Et vous me connaissez, c'est pas une qualité dans ma tête! Ben, that's what I got for being close-minded! Quelle ville magnifique. Grand, propre, pratique, joli, culturel, sportif, plein de jardins royaux, de pubs et d'architecture gothique. Je ne garderai que trois mauvais souvenirs:
1: un taux de change absurde - 4$ pour un café
2: une cuisine locale... Dont la grande spécialité semble être les fish & chips
3: comme dirait Annie Pelletier, quatre jours, c'est pas assez!

Points forts de Londres et ses environs:

- Tous les bâtiments de la vieille ville, particulièrement le palais de justice, la Tour de Londres et le Pont Couvert



- La brosse mémorable du pub crawl ayant réduit le nombre de jours utilisables de Bruno à 2 1/2.
- Ma journée en solo à Salisbury, Amesbury, Stonehenge et les parages. Pour certains, ce ne sont que des cailloux taillés par l'homme sur un bout de terre... Je leur répondrai: les Pyramides et Notre-Dame de Paris aussi.



- Notre tentative -enfin fructueuse- d'aller voir un show underground! Nous avons pu entendre une harpiste chantant à la Karkwa (mais en anglais, évidemment) ainsi qu'un groupe assez jeune ala Pascale Picard meet Lady Gaga folk rock.



Takk de me lire (merci en islandais!). Prochain update rapide si, cette fois-ci, j'ai accès à Internet! Oh. Et ma barbe des séries oversea commence à être fournie... si je suis pour la garder pendant encore une autre série (finale!) on est mieux de la gagner.

Une ville de contrastes...

Au revoir Allemagne, bières bavaroises, currywust et frishkäse. Merci pour ton hospitalité, mais on repassera pour la température (deux demi-journées ensoleillées depuis le 2 mai...).

Bienvenue Amsterdam. La conduite de Berlin à Amsterdam fut longue et pénible, principalement dû au fait que Bruno conduisait. Leçon apprise: ne jamais le laisser conduire à nouveau. Cyclistes d'Amsterdam, je m'excuse en son nom! Point positif: comme Rahan, nous avons suivis le soleil! Enfin.

Première impression d'Amsterdam: le décor est enchanteur mais la ville est incroyablement sale. Mais avant d'aborder ce sujet, voici une parenthèse. Le centre-ville est découpé par de nombreuses petites rivières artificielle, les canaux d'Amsterdam. Plus de 2000 ponts sont présents dans la ville. Malgré les minces ponts, les rues courbes et le design urbain original, les citoyens d'ici ne se contentent pas d'utiliser un seul moyen de transport adapté. On y voit plutôt une horde de cyclistes, des nuées d'auto, des troupeaux de tramways, des bandes de scooters alternant entre piste cyclable et voie des autos, des groupes de piétons (généralement touristes, et assurément en train de nuire à l'un ou l'autre des moyens de transport), sans oublier les solitaires véhicules tout terrains, les bruyantes motos, les chaloupes, hors-bord et bateaux-mouche. Et comme si survivre en se déplaçant n'était pas déjà une réalisation, on apprend que les hollandais sont très sympa mais qu'ils deviennent incontrôlablement agressifs si, lors qu'ils sont à vélo, ils doivent poser un pied à terre à cause d'un piéton leur barrant momentanément la voie. J'aurai attisé le courroux de nombreux gens, désolé!

Je reviens à la première constatation: belle, mais sale. Les façades historiques penchées, les rues étroites, les canaux n'ayant rien à envier à Venise, Amsterdam est magnifique et possède un cachet unique qui ne nous laisse presque jamais croire que l'on est dans une métropole. Autre côté de la médaille: des sacs d'ordures empilés par dizaine à presque chaque coins de rue, des gommes, cigarettes, restants de frites et verre cassé jonchant le sol des rues, même des places publiques. Quel genre de ville peut accepter cette situation? Nous étions honnêtement outrés. Je ne mens pas, la ville d'Amsterdam, le 16 au soir, était plus sale que Le Caire.



Nous ne sommes pas fous. Quelques heures plus tard, nous apprenons que les éboueurs étaient en grève depuis deux semaine. Une entente a été signée le matin même, et en moins de 24 heures la ville s'est libéré de l'essentiel de son manteau d'ordure. Beaucoup mieux. Malgré tout, la première impression est ratée.



Comment parler d'Amsterdam sans aborder leurs mœurs libérales. La marijuana y étant tolérée depuis longtemps (sans toutefois être légale!), de nombreuses personnes en consomment. Que ce soit dans les coffee shops ou dans les rues, l'odeur de printemps est inévitable. Fait intéressant: là où le pot est légal (aux Pays-Bas pour ceux qui ne suivent pas), seul un maigre 5% de la population en a déjà fait l'essai. À l'inverse, chez nos très conservateurs et puritains étasuniens, c'est environ 25% des gens qui en ont consommé! Comme quoi l'illégal est toujours attrayant de par son statut...



Maintenant, au tour de la prostitution. Les filles se louent une fenêtre durant 8 heures pour environ 175$, puis font leur "travail" sur place. Pour m'être promené dans le Red Light District le jour et la nuit, je serais prêts à mettre 1000$ sur la table qu'il n'y a pas beaucoup d'étudiantes à l'université y payant leurs études... Les visages sont longs, lassés, vulgaires. Elles vivent des regards de désirs des passants (et de l'argent de ceux qui veulent une petite vite) et flanchent à chaque regard de mépris, de jugement. Un meatmarket qui sent plus mauvais que la poissonnerie du dimanche à Aqaba, en Jordanie.

Notre court périple à Amsterdam est d'ailleurs déjà terminé. Au moment où j'écris ces lignes, je suis dans un train en route pour Hoek Van Holland où nous prendrons un bateau vers l'Angleterre (et où nous devrons nous libérer des excès des jours passés). Je vois les champs de tulipes défiler sous mes yeux, ainsi que d'innombrables moulins. Je me suis encore une fois réfugié seul sur mon banc pour tenter de profiter de quelques moments de solitude.

Si je pouvais apporter mes bands, mes amis/famille, mon rendez-vous du 18 (plus qu'exactement un mois!) à l'étranger, je ne rentrerais jamais chez moi. Malgré déjà plus d'un mois à voyager et à ne jamais dormir à la même place plus que 4 nuits, je ne suis pas nostalgique de la stabilité de ma vie québécoise. Quoique une poutine et une Fin du Monde sont toujours tentants... Comme dirait Kundera: "ce patient souffre d'insuffisance nostalgique". J'aime la maladie.

Prochain chapitre: Londres. J'ai hâte!

samedi 15 mai 2010

L'auberge allemande

Après plus d'une semaine avec mes compagnons, le feel du voyage a beaucoup changé. Je me sens dans une espèce d'auberge espagnole mobile, où désordres, rencontres, bouffe sur le coin d'une table et assauts de pubs undergrounds se mélangent en ne laissant que quelques maigres heures pour la récupération. Bières, döner, currywursts, frishkäse, cafés et toasts au nutella forment l'essentiel de mon alimentation.

***

Le transport de Munich vers Berlin s'est surprenamment très bien déroulé, malgré notre inexpérience avec l'autobahn allemande (je vous rappelle qu'on a loué une auto!). Bon, ma Renaud de 87 hp a probablement gagné un an d'usure en une journée, en parcourant 700 km à environ 150 km/h (et 4.5x1000 rpm). J'ai d'ailleurs pu observer que la vitesse était capée à 160 km/h (raison de la découverte: je devais changer de voie au plus crisse pour laisser une Porsche Carrera passer, à probablement 230 km/h). En fait, certains diront que j'ai été téméraire, voire dangereux. Non. Il y a 3 options sur l'autobahn:

- Voie de droite: Rouler avec les trucks, à 95 km/h maximum (c'est long pour 700 km...)
- Voie du centre: La voie normale. Vitesse de croisière de 150 km/h, à rouler plus lentement il faut pouvoir s'infiltrer entre les camions à droite en quelques secondes pour laisser les gens passer.
- La voie de gauche. La voie des autos avec 300 hp et plus. Vitesse moyenne de 200 km/h. À éviter.

Quel aurais été votre choix?

***

Choses vues et faites depuis la dernière entrée:
- Quelques endroits sympa de Munich à vélo
- Dresden encore, parce que c'est une ville magique
- Berlin, parce que je savais que les retrouvailles allaient être parfaites. Centre historique de la 2e Guerre Mondiale, de la Guerre Froide, architecture à couper le souffle, scène culturelle en ébullition, j'aime Berlin.
- Avons diminué la consommation quotidienne de bière de 4L à Munich à 3L à Berlin. Pour notre santé. (un total conservateur de 90 L de bière bus à 3 depuis le début...)
- LEGOLAND!
- Planification long terme du mariage (c'est important la planification!)



***

Retour du balancier de la misogynie? Une bulle de faux espoirs déçus prête à être crevée? Finalement... Peut-être simplement trop de temps passé à tenter de mettre en mots dans ma tête ce qui doit simplement être laissé libre, être vécu. Impatience. Où est ce contrôle de soi légendaire? Prêt pour une nouvelle aventure sitôt que celle-ci sera terminée! Destination inconnue...

lundi 10 mai 2010

Chroniques d'un après-midi pluvieux

La voix enrouée, la lecture de Terre des Hommes prit fin. Ce qui n'était supposé être qu'une brève histoire pour qu'elle s'endorme s'est transformé en un marathon partagé de lecture à voix haute, et pour plus de cent pages. Les yeux petits, la voix vacillante. On y parlait d'eau, de désert, d'espoir et de philosophie avec les mots d'Antoine de Saint-Exupéry. Moi, je lisais très lentement. Rusés, mes yeux avaient déjà dévoré la longue phrase, mon esprit l'avait mémorisée. Ainsi, alors que ma bouche recrachait les mots appris tel un automate, mes yeux quittaient le beige délavé des pages pour le blanc satiné d'un visage, pour le mystère des yeux fermés qui ne dorment pas. Je répétais le manège page après page.

La voix enrouée, la lecture de Terre des Hommes prit fin. Fin du manège aussi, malheureusement. Puis, l'invitation amicale : "viens te coller". Mes bras frissonnaient de peur. Je n'allais certainement pas, cette fois, laisser ma trouille m'empêcher de m'exécuter.

Le contact physique est très puissant. Des mains maladroites qui parlent le même langage, se questionnent, se répondent. Pas un mot, pas un seul souvenir des sons. Une mémoire décomposée, où les sens inimportants sont désactivés et oubliés. Que deux mains et leur longue conversation.

Elle se tourna. Je l'embrassai. Toujours pas un mot. Le temps n'existait plus, en cet après-midi pluvieux.

***

Bon, je vous entends dire d'ici : "crisse, y vas-tu finir par parler de son voyage au lieu de conter des histoires pas rapport??!". Soit. Munich est une ville très bien. Ils ne sont pas hôtes de l'Oktoberfest sans raison: le munichois typique sait faire le party. Sa tenue est tendance, soignée, son attitude un peu hautaine mais accueillante, et il peut prendre 3 L de bière sans vaciller. Il peut aussi en prendre 6 L, mais là il vacille. Ça ne semble toutefois pas être un critère pour prendre une pause dans la soirée! Le munichois chante et danse sans retenue, et ça fait du bien à voir.

Munich est la ville dans laquelle le plus d'Allemand aimeraient vivre. C'est un centre artistique, culturel, financier. Une ville complète et jolie, moderne et ancienne. On y voit les Alpes au loin lors des jours clairs, depuis le centre-ville historique. C'est toujours surprenant de visiter l'Allemagne et de voir ses vieux bâtiments : en fait, ils sont en moyenne plus récents que ceux qu'on retrouve à Québec! En effet, la deuxième guerre mondiale et les bombardements des alliés ont détruit jusqu'à 90% de certaines villes, donc Munich. Ici, pas de grand questionnement : on reconstruit tout, selon les plans originaux. On pourrait en prendre exemple avec le Manège Militaire...



Nous avons visité la ville et fêté la victoire du FC Bayern en coupe d'Allemagne (70 000 L de bière gratuite dans les rues = trois québécois pompettes!), visité Dachau (camp de concentration), puis visité le château de Neuschwanstein, le modèle du château de Disney. Magnifique, et placé en plein milieu des Alpes. Wow.




Voilà, notre séjour à Munich tire à sa fin.
Direction : Dresden et Berlin.
Moyen de transport : Location d'auto
Anecdotes assurées!

samedi 8 mai 2010

24h à Munich

Cette histoire commence par: "il était une fois".

Il était une fois un jeune homme, dans un train bondé de gens, avec un air quelque peu nostalgique. Ses quatre-vingt-dix minutes de transport ne furent pas passées à lire, écouter de la musique ou même espionner la vie pétillante du wagon #2. Elles furent dédiées à un rêvassement un peu bête, accompagné d'un regard inattentif sur le paysage bavarois défilant à toute vitesse. Prolonger la panne des horloges du monde. Laisser le deuxième esprit de Coelho envahir son âme.

Réveil abrupt.

Le train s'arrête à la gare de Frankfurt. Évidemment, la DeutschBahn est toujours en retard quand on est pressés, mais rapide lorsqu'on a déjà une heure d'avance pour un rendez-vous. Me redresser. Chercher de l'énergie pour créer de l'anticipation. Je rencontre mes deux futurs compagnons de voyage dans moins d'une heure. Je devrais être beaucoup plus excité. Allez, on regarde en avant. En avant.

***

J'aperçois au loin un grand gars, portant des lunettes fumées disproportionnées (à l'intérieur d'une sombre gare de train, un jour de pluie). Ça, c'est Bruno. Et puis, mon regard se pose sur son collègue: casquette blanche, absence de pad (!!), backpack gargantuesque et air un peu perdu. Lui, c'est JD. Les voici! Malgré les volcans, les thèses, les ex, les sœurs, les équipes de sport, l'argent, malgré toutes les contraintes du monde ayant pu assombrir les perspectives de voyage, nous voici trois, réunis à Frankfurt et prêts à montrer à l'Europe le summum du ridicule québécois. Et je vous jure, malgré le décalage horaire et la fatigue accumulée, on n'a pas chômé.



***

Résumé des 24 dernières heures:

- Covoiturage avec M, Klauss (Bruno a presque demandé si son prénom était Santa. Come on.) et sa BMW 5er de Frankfurt à Munich, sur l'autobahn, avec pointes de vitesse atteignant le 230 km à l'heure. Jamais 400 km n'auront parrus si courts, ni si dangereux. Bruno a dit à M. Klauss que sa musique était très relaxante, et qu'elle devait être efficace pour le calmer s'il se sentait agressif. Il a aussi comparé sa musique à des photos de chatons. Heureusement, Herr Klauss parle très mal anglais. Bruno va se faire battre d'ici la fin de ce voyage.

- En théorie, mes comparses étaient fatigués et ne voulaient pas sortir trop loin de l'auberge. On y reste donc pour boire un verre, tranquilles. Le verre se transforme évidemment en 6 bouteilles de 0.5 L, et le hasard veut que les vendredi soient des soirées karaoké. Jamais "My Heart Will Go On" n'aura été aussi massacrée, et ce par trois french canadian qui ont sans aucun doute laissé une forte impression (bonne ou mauvaise, aucune idée, mais définitivement forte!).

- Les gens, ici, ne terminent pas leur bière lors du last call. Bruno nous a fait remarquer notre "syndrôme du québécois cheap", soit notre regard apeuré devant toutes ces bières pleines, avec la tentation inavouée de les terminer avant de partir.

- En 8h en Allemagne, JD a oublié son manteau au bar, manteau qui accessoirement contenait son passeport. Bravo.

- Coucher vers 4:30AM, en état d'ébriété fort avancé.

- Levé à 9:00AM, dans le meilleur état d'esprit pour aller visiter Dachau, plus précisément le camp de concentration y étant situé. Une visite poignante, qui nous a vite fait ravaler nos plaintes de maux de tête et de déshydratation.


- À l'heure où j'écris ces lignes, j'abuse du portable de Bruno, qui comme JD est présentement en plein milieu d'un power nap. Plan de match de la soirée: indéterminé. Officiellement, un Pub Crawl quelconque. Reste à voir si les deux loques humaines en face de moi sauront se motiver...

jeudi 6 mai 2010

Prendre le temps de ne pas le compter

Repos inexistant, combats quotidiens pour avancer à travers une foule dense, attaques répétées de vendeurs de gogosses, nourriture douteuse, morsures d'insectes n'appréciant pas la cohabitation dans les draps de lits... Tout ça est terminé!

Je vis présentement en pacha (c'est plus glorieux que de dire en parasite), à Miltenberg. Mini-cours de géographie:
- Miltenberg est un endroit que je soupçonne d'être fortement lié historiquement à Mourphykos le Grec, Miorphino le romain, Murphosis II l'Égyptien et Mure de la Phie, le gaulois. En effet, malgré leurs défaites historiques en territoire Miltenbourgeois, c'est leur descendant direct, Murphy, qui y aura enfin gagné une bataille: alors qu'il faisait grand soleil avant mon arrivée, j'ai été accueilli par un temps maussade et humide ne désirant définitivement pas partir. Savoure cette victoire Murphy, ce sera la dernière. De toute façon, pas besoin de beau temps pour ensoleiller ce séjour!
- Vous me direz, où est le cours de géographie? Ça s'en vient, voilà. Miltenberg est situé au Sud de Frankfurt, dans la Bavière, plus précisément en Franconie (aucun rapport avec le français, on nous regarde avec de grands yeux lorsqu'on ose parler notre langue maternelle en public!). Population? Aucune idée, mais pas énorme! Je suis, en guise de comparaison, en banlieue de Dolbeau, au Québec. L'endroit empeste la Bavière à plein nez: vignobles, forêts charmantes, petites rivières à méandres, centre-ville historique aussi petit que mignon. La tarte aux pommes y est excellente, le café aussi, et on y vend des lardons à l'épicerie.



Maintenant, un cours d'histoires:
- Toujours commencer par "il était une fois", c'est classique et ça fonctionne bien.
- Lire un maximum de 5 pages à la fois parce que, de toute façon, le public s'endort toujours après la deuxième, peu importe l'heure du jour.

Je passe donc du très bon temps en ce moment, à Miltenberg. Ce séjour, très chill, découpe mon grand voyage en deux. L'expédition simili-solo dans les contrées exotiques à gauche (avec photos à l'appui sur Facebook!), puis la course contre la montre en Europe jusqu'en Islande à droite, accompagné de deux amis de longue date. Deux trips radicalement différents.


Je ne peux passer sous silence l'accueil divin de mon hôte\future épouse à temps partiel à Miltenberg. Je ne possède par encore les bons mots pour la remercier adéquatement, je vais donc attendre de les trouver plutôt que de bâcler la chose (pub de son blog de voyage, un plaisir à lire -- blog!).

Je feel présentement pas vraiment en voyage, à proprement dire. Je suis dans un mood de colocation (quoique je pourrais me passer de Wooshie, le rat de compagnie des proprios d'en bas qui passe son temps à japper et vouloir croquer mon mollet droit) et de fin de semaine éternelle, sans tracas, à dormir quand bon me semble, à manger, cuisiner, quand bon me semble, à lire, philosopher, déconner, avouer, ressasser, quand bon me semble. J'aime les Grands Bordeaux 2006, le Glühwein, les dégustations de bières locales (microbrasserie Faust), la bouffe d'Anaïs, la bouffe qu'elle m'autorise à cuisiner (ENFIN!), le balcon, la chaise droite de la table, la tasse bleue remplie en tout temps de thé russe, turc ou de café, l'absence de problème et de responsabilité, flâner à travers les vignobles et les pommiers en fleurs. Les aiguilles de ma montre se sont arrêtées le temps d'une semaine, et j'anticipe douloureusement le retour à la "normale". Scheisse.

On oublie les places historiques, mystiques, grandioses, les plus beaux paysages, et on a besoin de prendre des photos pour garder ces souvenirs vivants. On n'oublie pas les personnes spéciales que l'on rencontre. Malgré le stade encore tout naissant de mon voyage, je sais que je peux d'ors et déjà dire que le highlight de ce voyage aura été les gens qui l'ont peuplé.

dimanche 2 mai 2010

Processus de régénération entamé

Et non, je ne parlerai pas de mes coups de soleil, quoique nombreux, ce serait un peu ennuyant (en fait, mon sujet d'aujourd'hui le sera peut-être quand même pour certains, désolé [je risque de recommencer]). C'est d'une autre blessure dont je parlerai; il semblerait que ces dernières semaines ont laissé une lacération dans mon esprit.

J'écris ces lignes confortablement assis dans un siège (de loin trop luxueux) d'avion, classe économique, direction Frankfort. J'ai presque eu un haut le cœur en voyant un touriste français tirer de façon nonchalante un mouchoir dans les toilettes de l'aéroport pour ensuite tirer la chasse d'eau. Un peu plus tard, une jeune dame -avouons-le très jolie (pour une française, quand même)- est passé devant moi alors que je lisais sagement, assis au terminal F, porte 2. Ma première pensée? Sa tenue indécente, laissant ses épaules découvertes, ses jambes à moitié nues. Et que dire maintenant du confort dont je vous ai parlé en premier lieu. Toute cette propreté. C'est un peu dérangeant, voire inutile, à la limite un gaspillage de temps, d'argent.

Il ne reste plus rien, dans ce Airbus 340 de Lufthansa, de la personnalité attachante de la Saleté du Caire, de la Poussière de Jordanie. Si je finis comme créateur de peinture à auto, je me réserverai un gallon de chaque teinte, et je jure sur mon honneur qu'un mur de ma future demeure sera dédié pour chaque couleur. Mais, pour le moment, je laisse ces joyaux derrière moi, non-protégés, sans savoir si je les reverrai un jour.

Chaque blessure guérit, Dieu merci! Néanmoins, dépendamment des gens, certains ont la faculté -d'autres parleront plutôt d'un défaut (je serai en désaccord)- de garder aisément des cicatrices durables suite à la moindre égratignure. Je fais partie de ce groupe de chanceux, et j'espère pouvoir, pour longtemps, observer cette ligne un peu grossière, d'une teinte pâlotte, cette cicatrice de mon esprit qui me rappellera le caractère unique de la mentalité islamique, ses valeurs, ses torts, son unicité.

Incursion en terres musulmanes

Et voilà, la première portion de mon voyage tire déjà à sa fin. J'ai laissé le courant du Nil me guider, j'ai erré dans les déserts de Jordanie, tout ça durant un maigre 18 jours. J'aurai appris à visiter un autre "type" de pays.



Jusqu'à ce jour, je n'avais vu que quatre types de pays:
- Pays industrialisé typique (Canada, USA, France, Belgique, Allemagne, Autriche, Pays-Bas), où le mode de vie est relativement similaire à mon chez moi.
- Pays de l'ex-URSS (République Tchèque, Slovaquie, Hongrie), où les cicatrices de la guerre froide sont encore fraîches dans les rues, dans la mémoire des gens.
- Pays "latino" (Cuba, République Dominicaine), où la lenteur de la vie n'a d'égal que la clémence de la température, où la pauvreté est palpable et où les amateurs de tout-compris adorent "voyager".
- Pays inclassable: (Afrique du Sud). Faut avouer qu'il n'y a pas grand chose à comprendre à ce pays! J'aimerais bien pouvoir le classer dans "pays africains", mais ce melting pot de riches, de pauvres, de noirs, de blancs, de coloured, d'anglais, d'afrikaneer et du reste le rend beaucoup trop différent de la "vraie" Afrique.

J'ajoute donc fièrement cette catégorie:
Pays musulmans: (Égypte, Jordanie), où religion et état ne sont pas très loin, où les femmes sont souvent perçues comme des objets, où l'alcool n'est pas nécessaire pour faire le party toute la nuit.



Mes souvenirs les plus forts (à court terme), en désordre:
- L'ambiance mystique, les odeurs nouvelles, l'agitation constante, l'exotisme et les épices du Caire
- Mes meilleurs amis d'Égypte: deux musulmanes, une hindoue, un mormon texan. Qui l'eût cru?
- Voir les pyramides, de loin, à travers le smog du Caire. Savoir qu'elles existent, et que j'arrive. La montée, accroupi, jusque dans la salle du tombeau de la Pyramide de Kheops. Le coucher du soleil.
- La démesure d'Abu Simbel, la beauté de ses fresques.
- Le Nil.
- Le train le plus crade au monde, nous ayant menés du Caire à Aswan.
- La nourriture de Jordanie, son humus, babaganouj, tahini, shawerma, flafel, curry, fromages, mossaka, thé, et tous les autres secrets simples mais efficaces de la cuisine locale.
- Petra, parce que toute personne doit voir cet endroit avant de mourir. Point.
- Quatre heures en 4x4, deux autres à dos de chameau, dans le désert de Wadi Rum, ses montagnes sculptées par le vent et le sable, y voir un mémorable coucher de soleil, assis les pattes flottant dans le vide au sommet d'une montagne, en sirotant un thé bédouin.



Ce que je n'ai pas vu en Égypte ou en Jordanie:
- Du porc (saucisses de Bavière, j'arrive!)
- De la bonne bière, du bon vin
- Une personne autre qu'un touriste boire de l'alcool
- De la nourriture en lequel il est possible d'avoir 100% confiance
- Autre chose que la musique locale
- Un magasin de CD ne vendant pas QUE des copies illégales
- De la discrimination raciale ou religieuse: ici, les femmes sont reines et ont toute l'attention quand il s'agit de discriminer

Ce que j'ai hâte de faire:
- Mon jogging matinal
- Manger du bacon
- Boire une hefeweizenbier
- Avoir des discussions de balcon de type "philosophique se prenant pas au sérieux flirtant avec l'absurde", un verre de glühwein à la main
- Uploader quelques photos
- Lâcher mon téléphone sur lequel je pré-écris cette entrée de blog, puis descendre de cet autobus pour aller abuser une dernière fois des plaisirs d'Amman...